Texte du 17ème dimanche de la Pentecôte.
Foi, espérance, amour
La méthode allégorique, c’est bien pratique !
- Le poisson c’est la foi, le serpent le doute
- L’oeuf c’est l’espérance, le scorpion l’amertume et le regret
- Le pain quotidien c’est l’amour, la pierre le rejet de l’autre _
Voilà que les trois vertus théologales sont présentes : foi, espérance
et amour.
Un Dieu proche
Le mot hébreu utilisé pour dire "Père" est le mot
« Abba ». Avec le "Notre Père", Jésus inaugure un bouleversement
du mode de relation entre Dieu, Jésus et ses disciples : Si Dieu s’appelle
« Abba », il nous aime comme un père ou une mère devrait aimer son
enfant. Je dis bien "devrait" car il est cet amour que nous n’avons peut-être
pas toujours reçu. Si Dieu est un père, Jésus n’est plus maître pour ses
disciples mais un frère pour ses amis. Et si Dieu est père ou mère, il donne la
nourriture dont son enfant à besoin chaque jour par son amour : la
confiance donc la foi ; l’espérance donc la promesse d’un devenir.
Dieu, un distributeur automatique de demandes ?
Mais s’il est "Notre Père", il n’est pas mon Dieu à moi tout seul, mais le
Dieu de tous mes frères et sœurs. « Que ta volonté soit faite » nous
dit le Notre Père : Il s’agit donc de sa volonté et non de la mienne. Si
Dieu est le Dieu de mes frères et sœurs, il n’est pas donc pas un distributeur
automatique de mes demandes. Alors que demander ? La seule chose qu’il est
utile de lui demander, c’est ce que dit le texte : c’est de "recevoir
l’Esprit Saint". L’Esprit Saint, c’est cet amour du Père pour son fils et
de ce fils pour ses amis. L’Esprit Saint c’est ce vent de désir.
Ce que nous désirons, c’est l’amour
Nous lui demandons pour nous ce que nous croyons désirer. Mais savons-nous
vraiment ce que nous désirons ? Lui sait ce que nous désirons au plus profond de
nous. Et ce que Dieu désire pour nous, c’est ce que nous désirons au plus
profond de nous-même. Et ce que nous désirons au plus profond de nous
même c’est aimer et être aimés.
Sortir de la prière : "merci", "pardon", "s’il te
plait"
Prier n’est plus une demande car ce que nous désirons nous a déjà été accordé.
Par cet amour déjà accordé, nous l’entendons nous dire "oui"à ce que nous
sommes en vérité tout entier comme nous sommes : sans condition aucune, en
dehors de tout rôle, de toute contrainte, de tout regret, de toute peur de
demain d’hier ou d’aujourd’hui, de toute réalisation, de tout échec ou de tout
succès, de tout masque ou de tout faux semblant. Il lui suffit que nous
existions et que nous soyons là ; voilà la seule chose qui lui importe.
.
La communauté universelle une et indivisible
Cet amour inconditionnel, c’est ce qui nous relie les uns aux autres, c’est
ce qui fait que rien ne pourra empêcher qu’elle soit ma soeur et qu’il soit mon
frère. Je ne peux plus faire sans elle ou sans lui, je ne peux plus faire
contre elle ou contre lui, mais je ne peux faire qu’avec elle et qu’avec
lui : Nous sommes tous autour de la table du repas de la communauté
universelle et rien ne pourra jamais nous séparer.
La révolution des coeurs
Depuis là où nous nous trouvons, nous pouvons y puiser l’énergie pour mener nos
combats afin que notre société ou que notre vie soient meilleures. Mais surtout
nous pouvons commencer par nous-même en nous laissant ressourcer par cet amour
complet et entier grâce à l’expérience quotidienne de cette rencontre qui peut
nous aider à nous réconcilier avec nous-même et avec les autres. Et cela change
déjà le monde au delà même de ce que nous pouvons imaginer.
A l’heure où les guerres civiles nationales ou les guerres de civilisation
sont les conflits intérieurs de quelques uns, à l’heure où ces mêmes confondent
la lutte contre la misère avec la lutte contre les miséreux, au moment où
certains croient s’opposer à la violence par leur propre violence ; quand
certains sont présumés mauvais au lieu d’être présumés bons, il est peut-être
le temps de se rappeler que Dieu nous aime le premier. Si par le "Notre Père"
Jésus opère à un bouleversement du mode de relation entre lui, Dieu et ses
disciples, c’est qu’il n’y a entre eux aucun rapport de domination mais au
contraire, il s’agit d’un mode de réconciliation.
Notre pain quotidien c’est de marcher chaque jour sur ce chemin d’éveil
spirituel, à la source d’un amour gratuit et inépuisable. C’est cette
meilleure part qui ne pourra jamais nous être retirée dans la vie comme dans la mort et nous devons le savoir au coeur de nos engagements. Dès lors, nous n’avons plus à demander, car c’est quand nous donnons que nous recevons.
Diakonéo