Publié sur le site internet des Jésuites allemands :
www.jesuiten.org/aktuelles
A partir de 1957 j’ai vécu à Buenos-Aires. En 1974, souhaitant intérieurement vivre l’Evangile et rendre visible l’horrible pauvreté, je me suis rendu, avec l’autorisation de l’archevêque Aramburu et du Provincial de l’époque le père Jorge Mario Bergoglio, dans une « favela », un quartier pauvre de la ville, en compagnie d’un autre frère. De là nous avons poursuivi nos activités d’enseignement à l’université.
Dans la situation du moment, une espèce de guerre civile, ce sont environ 30’000 personnes, guérilleros de gauche autant que civils innocents, qui ont été tuées en l’espace d’un ou deux ans par la Junte militaire. Dans notre quartier pauvre, nous n’avions à nous deux aucun contact ni avec la Junte ni avec la guérilla. Mais en raison du manque d’information ou de manipulations volontaires de l’information, notre situation a été mal comprise, même au sein de l’Eglise. C’est à ce moment que nous avons perdu la trace d’un de nos collaborateurs laïcs, lorsque cette personne s’était jointe à la guérilla. Lorsque, neuf mois plus tard, il s’est fait arrêter et questionner par les soldats de la Junte, ces derniers ont appris qu’il avait été en contact avec nous. Dans l’idée que nous aussi avions des liens avec la guérilla, on nous a arrêtés. Après cinq jours d’auditions, l’officier responsable de l’enquête nous a libérés en nous disant : « Pères, vous n’étiez pas coupables. Je ferai en sorte que vous puissiez rentrer dans votre quartier pauvre. » Malgré cette assurance nous avons alors été maintenus prisonniers d’une manière inexplicable pendant cinq mois, les yeux bandés et ligotés. Je ne peux rien dire du rôle du père Bergoglio durant ces événements.
Après notre libération j’ai quitté l’Argentine. Et c’est seulement des années plus tard que nous avons eu l’occasion de reparler de ces événements avec le père Bergoglio, devenu entre-temps archevêque de Buenos-Aires. Après cela nous avons célébré ensemble publiquement la messe et nous sommes solennellement embrassés. Je suis apaisé à propos de ces événements et les considère pour ma part comme clos.
Je demande pour le Pape François une riche bénédiction de Dieu dans son ministère.
Père Franz Jalics SJ
15 mars 2013 Publié sur le sublié sur le site internet des Jésui:tes allemands :
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