« Mariage pour tous » :
Ce qui nous inquiète, c’est la radicalisation des positions pour ou contre, tant dans la société que dans notre Eglise.
Ce qui nous inquiète, c’est le glissement vers des positions dures, frontales, des anathèmes, des mises en demeure de se déclarer de façon tranchée, notamment en tant que pasteurs.
Ce qui nous inquiète, ce sont les réactions viscérales qui remplacent les arguments ; les a priori bibliques ou théologiques qui remplacent le questionnement et l’écoute de l’Evangile.
Ce qui nous inquiète, ce sont les arguments qui sonnent faux quand ils annoncent une fois de plus l’effondrement de notre civilisation.
Ce qui nous inquiète, ce sont les arguments d’autorité.
Ce qui nous inquiète, ce sont les dérives faisant ressurgir homophobie ou intolérances.
Ce qui nous inquiète, c’est l’appel au sacré, tant dans la société que dans notre Eglise, pour justifier des ressentis personnels.
Ce qui nous inquiète, c’est que les conseils de la Fédération Protestante et de l’Eglise Réformée n’ont pas assez exprimé qu’il existe parmi les protestants une diversité d’opinions légitimes.
Ce qui nous unit sans doute, c’est d’avoir compris que l’homosexualité n’est pas un choix, mais une réalité qui se vit le plus souvent dans la souffrance intérieure et sociale. C’est de savoir que la grâce nous recouvre quels que nous soyons. C’est d’être assurés que les homosexuels ont bien leur place dans nos communautés.
Ce qui nous divise sans doute, c’est la compréhension de l’Ecriture, du premier chapitre de la Genèse, du Lévitique, de Paul ou des Evangiles. C’est la compréhension de la Création, de l’anthropologie biblique, de l’éthique et de la grâce.
Ce que nous sommes nombreux à souhaiter pour notre Eglise protestante unie, c’est qu’elle s’épargne les affirmations d’évidence et les anathèmes, et qu’elle soit fidèle à elle-même : en réfléchissant. En se parlant. En faisant circuler la parole en son sein. En organisant le débat, des débats, de très nombreux débats, partout, dans chaque ville et chaque paroisse, en invitant des personnes compétentes d’avis différents mais capables d’écouter et de se parler ; en permettant par l’échange de faire bouger les idées et de mûrir et nourrir la position de chacun.
Ce que nous sommes nombreux à souhaiter c’est que, dans notre église protestante unie, l’union se fasse dans la reconnaissance de sensibilités et de pratiques diversifiées, tant sur la question de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels que de sa bénédiction.
C’est ce à quoi nous voudrions nous inviter tous, dans la cité comme dans l’Eglise.
Jean-paul Morley, pasteur EPU à Pentemont-Luxembourg.
Marc Pernot, pasteur EPU à l’Oratoire du Louvre.
Florence Blondon, pasteur EPU à Paris Etoile.
Vincens Hubac, pasteur EPU au Foyer de l’Ame.
Jean-Marie de Bourqueney, pasteur EPU aux Batignolles.
Béatrice Cléro-Mazire, pasteur à Boulogne-Billancourt.
Ottilie de Bonnema, pasteur EPU à Sanary.
Jean Hoibian, pasteur ERF retraité.
11 janvier 2013