Nous suggérions de cesser de regarder seulement le court terme des indices boursiers ou du taux de croissance pour nous concentrer sur l’humain, les conséquences à moyen et long termes des choix faits ou à faire et leur impact sur la société et la planète.
Nous réagissons ainsi en citoyen, mais aussi en disciples du Christ, inquiets de la dimension d’idolâtrie de ces courses au "toujours plus" que sont la croissance sans réflexion et la recherche du profit à tout prix. L’impératif de croissance des échanges marchands est entre autres un des arguments pour justifier la réalisation d’infrastructures toujours plus démesurées, dont le projet de Notre-Dame-Des-Landes est un des exemples frappants.
Cette croissance sans distinction est non seulement une impasse économique lourde de menaces écologiques, sociales et humaines, mais est de plus incompatible avec les propos des Evangiles (sermon sur la Montagne) et des réflexions récurrentes de l’Ancien Testament (Tour de Babel, textes apocalyptiques contre Babylone, dénonciation des prophètes...) qui redoutent et dénoncent la démesure qui porte atteinte à la beauté et la bonté de la création, qui nuit aux relations de fraternité nécessaires à une juste et paisible existence commune et sont une des manières idolâtres de l’humain de se perdre en désirant se faire Dieu.
Le sacrifice de la planète nous semble contradictoire avec les injonctions bibliques faite à l’homme de se comporter en jardinier responsable de la planète et l’invitation à l’amour du prochain que de nombreux penseurs protestants - Théodore Monod, Paul Ricoeur, André Dumas... - ont invité à élargir aux autres espèces vivantes que l’humain, au vivant diversifié dans ses formes. Nous avons donc des motivations citoyennes, théologiques et diaconales - d’éco-diaconie pour reprendre un terme né en Allemagne - pour signer cet appel inter-associatif contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-Des-Landes.
C’est aujourd’hui une des formes que prend la "diaconie de protestation" à laquelle nous appelions il y a deux ans.
Coordination du Mouvement du Christianisme Social, le 29/11/2012
NDDL : un appel solennel :
Aujourd’hui, jeudi 25 octobre, des représentants de Greenpeace France, Attac France, Agir pour l’Environnement, Réseau Action Climat France, Les Amis de la Terre, Confédération paysanne, Générations Futures, Solidaires, Paysages de France, Droit au Logement, Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports se sont réunis pour s’exprimer, ensemble, sur la situation actuelle à Notre Dame des Landes.
Sur la brutalité policière de ces derniers jours, le non-sens économique et environnemental de ce projet et la surdité des pouvoirs publics face aux protestations locales : Une protestation collective, unanime et vigoureuse
Alors que nous estimons que le dialogue et la concertation sont une nécessité pour dépasser les crises écologiques, sociales et économiques, le déploiement de force auquel nous assistons actuellement à Notre-Dame des Landes ne fait que renforcer notre détermination à contester ce projet d’infrastructure inutile, coûteux et clairement contradictoire avec nos objectifs en matière de lutte contre le dérèglement climatique.
Sur la forme comme sur le fond, ce projet d’aéroport est contestable. Au scandale écologique de ce projet, le premier ministre semble vouloir ajouter un scandale démocratique et social. Il va de soit que cette façon de faire ne peut que créer de la défiance. Cinq ans durant, nous avons subi une politique reposant sur une duplicité quasi institutionnalisée. Nous ne saurions accepter plus longtemps une écologie des mots qui, à l’aide de discours enjoués, permet de justifier des actes profondément scandaleux. Nous appelons solennellement le gouvernement à cesser les expulsions des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes.
Nous appelons le premier ministre à remettre en cause ce projet d’aéroport qui aura une incidence significative sur le budget de l’État, un impact irréversible sur plus de 2000 hectares de zone humide et terre agricole et sur nos émissions de gaz à effet de serre.
A l’heure des crises alimentaires, climatiques et énergétiques, à l’heure de l’effondrement des écosystèmes, nous ne cautionnerons pas un double-discours qui tend à devenir une seconde nature des responsables politiques.
Nous tenons à exprimer notre solidarité et à apporter tout notre soutien à celles et ceux qui luttent pour un monde vivable.