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Article publié

Expression du Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne à Châtenay-Malabry

Le désarroi devant ce qui se passe au Proche-Orient

dimanche 6 octobre 2024, par :

Nous, chrétiens et musulmans membres du Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne à Châtenay-Malabry exprimons notre désarroi devant ce qui nous paraît être en France un déni d’évidence sur ce qui se passe aujourd’hui au Proche-Orient

Gaza, territoire palestinien exigu et enclavé avec plus de 2 millions d’habitants, vivait sous blocus terrestre, aérien et maritime d’Israël depuis 2007. Depuis la sortie meurtrière et les atrocités commises par
le Hamas le 7 octobre dernier on constate :
 un pilonnage systématique du territoire, une destruction de quasiment toutes les infrastructures civiles, de la plus grande partie des habitations ; une terre morte, empoisonnée, bourrée de projectiles non explosés…
 plus de 41.000 morts dont un grand nombre de femmes et d’enfants, plus de 94.000 blessés, à Gaza.
Des témoins, journalistes ou humanitaires qui paient un lourd tribut.
 des ordres de déplacement continuels des populations et désormais famine et risques d’épidémies.
 des milliers de prisonniers torturés.
Plutôt que de guerre, ne faut-il pas parler d’un anéantissement délibéré ? Que veulent dire ces armes massives mises sur la population d’un petit territoire si peuplé ? Les otages qu’on prétend sauver par ces extrémités sont des victimes collatérales, passées par pertes et profits. Et il faut compter à présent 700 morts et plus de 1600 blessés dus aux frappes aériennes israéliennes sur le sud du Liban et sur Beyrouth. Ce sont désormais les populations civiles du Liban qui sont les victimes d’une volonté d’anéantir le Hezbollah.
Nous sommes abasourdis par le « deux poids deux mesures » qui prévaut en Occident : d’un côté on réagit vivement contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de l’autre on dénonce du bout des lèvres les agissements de Netanyahu comme « disproportionnés ».
Nous regrettons que les responsables religieux, chrétiens et musulmans, ne se fassent pas davantage entendre. Pourquoi laisse-t-on la presse occidentale présenter le conflit israélo-palestinien comme un conflit
religieux alors qu’il s’agit d’un conflit territorial inscrit dans une histoire longue exploitée par des extrémistes juifs, islamistes, évangéliques ? Que deviennent nos messages de justice et d’amour ? Pourquoi ne peut-on émettre la moindre critique à l’égard de la politique de Netanyahu sans être immédiatement taxé d’antisémitisme ? Le 5 juillet encore, plus de 1200 hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie ont été annexées, déclarées « terres d’État » par le gouvernement israélien !
Nous nous désolons que la France n’ait pas le courage et la lucidité d’objecter au soutien inconditionnel des États-Unis à Netanyahu en dépit du fait que, depuis le 22 novembre 1967 et la résolution 242 des
Nations unies, des dizaines de résolutions du Conseil de sécurité sont restées ignorées par Israël. Nous nous offusquons du fait qu’en France le chef de l’État ait déclaré impossible de reconnaître l’État palestinien
« sous le coup de l’émotion » — quand, outre 140 pays de par le monde, en Europe la Suède, l’Islande, le Vatican, l’Irlande, l’Espagne et la Norvège l’ont officiellement reconnu sans attendre.
Nous constatons l’échec des instances internationales à mettre fin au conflit israélo-palestinien : en raison du poids trop grand du géant américain dans les organismes internationaux ? Or c’est bien d’équité et de justice qu’il s’agit, et ce drame regarde l’humanité entière : pourquoi la vie d’un Palestinien, et maintenant d’un Libanais, vaudrait-elle infiniment moins que la vie d’un Israélien ? Peut-on tolérer une politique de colonisation qui aboutit à chasser les Palestiniens du peu de territoires sur lesquels, depuis 1967, ils parvenaient si difficilement à maintenir leurs droits ?
Au-delà de la volonté d’éliminer le Hamas, le bombardement méthodique du territoire de Gaza n’a pas d’autre fin que son annexion, en le vidant de sa population palestinienne. Comment ne pas s’en effrayer ?
Comment admettre son traitement médiatique en Occident ? Ne faudrait-il pas commencer par donner la parole aux Palestiniens eux-mêmes, aux Libanais, aux chrétiens arabes parmi eux, ainsi qu’aux Israéliens et
aux nombreux juifs qui un peu partout dans le monde dénoncent la politique de Netanyahu comme à ceux qui, sur le terrain, tentent courageusement d’aider les Palestiniens à survivre en soutenant l’intervention périlleuse d’organisations humanitaires directement visées, elles aussi, par les armes ?
Notre appel s’adresse à tous les artisans de paix, pour que cesse le déni, que le dialogue reprenne ses droits et que l’aveuglement des fauteurs de guerre s’incline devant le courage de la lucidité.


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