Monsieur le Président,
Il est un point sur lequel je tiens à vous interpeller. Il concerne le message de liberté à portée universelle que l’Occident – dont la France fait partie, il me semble – est censé être porteur. Je ne pense pas que cette vocation historique ait été particulièrement respectée par vous et votre gouvernement ces derniers temps et je le regrette.
Je fais allusion à nos relations avec le monde arabo-musulman, entre autres, et en particulier avec des régimes comme ceux de l’Arabie saoudite, du Qatar ou de l’Algérie.
Je comprends bien que la raison d’État s’impose parfois, avec la nécessité de commercer de façon rentable, d’une part, et d’autre part le besoin d’établir des alliances militaires face à nos ennemis.
Je pense néanmoins que, à moins qu’on ne croie pas vraiment en elles, il vaut toujours mieux se rendre digne de ses propres paroles. Sinon, le risque est d’être pris pour un faible ou pour un hypocrite. Ou pour les deux.
Je pense aussi que si l’on considère les choses à plus long terme, il est nécessaire de distinguer les peuples des régimes dont ils pâtissent. Car le jour où ces populations se seront libérées de leurs despotes, il vaudra mieux ne pas passer à leurs yeux pour les fourriers de ces derniers.
C’est pourquoi j’ai l’honneur de vous rappeler la pertinence de ce proverbe, dont il me semble que ni vous ni votre premier ministre ne l’ayez gardé en mémoire ces derniers temps : « Quand on dîne avec le diable il faut se munir d’une longue cuillère ».
Respectueusement,
Jean Alexandre