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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

note de lecture et proposition

A la gauche du Christ

mardi 3 septembre 2013, par :

A la Gauche du Christ, Les Chrétiens de Gauche en France de 1945 à nos jours, direction Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel, Seuil, Paris septembre 2012, 624 pages, 27 €.
L’épaisseur du volume rouge (tirant un peu sur l’orange !) peut faire peur, mais le partage en vingt contributions dues à quinze auteurs permet au lecteur de rencontrer divers types de questionnement et de styles. Bien sûr il y a des redites qui rendent l’ensemble un peu touffu, mais elles ne sont pas inutiles. Il faut dire aussi que chaque contribution est suivie de quelques portraits fort utiles de groupes et de personnalités importantes. Douze photos bien choisies se trouvent au milieu du livre et un index de vingt deux pages rend de grands services.

Après une introduction sur catholicisme et protestantisme très différents face à la gauche au cours de le IIIème république, Denis Pelletier insiste sur l’impact très important de la Résistance qui fait surgir des personnalités et des groupes chrétiens de gauche et change les relations entre chrétiens et partis particulièrement communiste. Puis on entre dans la première partie qui va jusqu’en 1962, avec le syndicalisme ouvrier chrétien, traité par Frank Georgi, puis la Mission ouvrière par Tangi Cavalin et Nathalie Viet-Depaule et l’Action catholique rurale par Bruno Duriez. On aborde ensuite l’implication plus directement politique d’un certain nombre de catholiques avec Bruno Duriez et protestants avec Patrick Cabanel. Les appréciations chrétiennes différentes du marxisme sont étudiées par Frédéric Gagelot et de « Dreyfusisme chrétien » face à la guerre d’Algérie par Jérôme Bocquet. La période de la guerre d’Algérie aura été, après la seconde guerre mondiale, un moment important de prise de conscience et d’engagements chrétiens à gauche.
La période 1962-1980 sera marquée par Vatican II et Mai 1968. 1968 et ses suites sont traités par Yann Raison du Cleuziou, la crise des mouvements de jeunesse catholiques et protestantes par Claude Prudhomme et Patrick Cabanel, alors que l’idéal cogestionnaire est décrit par Frank Georgi. Mathilde Dubesset décrit le féminisme chrétien (de gauche ?) et Vincent Soulage l’engagement chrétien dans le Parti socialiste, la deuxième gauche et le gauchisme. Sabine Rousseau parle du tiers-mondisme chrétien et Yvon Tranvouez de la géographie de la gauche politique. Il décrit ensuite la division théologique des chrétiens de gauche dans une contribution qui a pour titre « Les idées du ciel ne tombent pas juste !).
Pour ce qui est de 1981 à 2012 Jean-Louis Schlegel écrit un lent déclin et une déstructuration de la gauche chrétienne. Il se demande si nous ne vivons pas la fin d’une parenthèse, avec une papauté de reprise en main, un retrait des chrétiens de gauche des Eglises et une gauche banalisée.
La conclusion est plutôt pessimiste. Les chrétiens de gauche n’ont pas su transmettre leurs références chrétiennes et leurs engagements à leurs enfants, il y a une certaine fin du théologico-politique. Certes « si une juste inquiétude, une inquiétude évangélique, étreint et parfois secoue les Eglises, c’est bien souvent à l’aiguillon des chrétiens de gauche, chrétien en liberté, chrétiens critiques qu’elles le doivent ».
Mais pour combien de temps encore ?, peut on se demander. Et que faire pour l’élan chrétien de gauche se relance ?
C’est la question qu’on doit se poser au-delà des données historiques très importantes du livre et des analyses sur différentes données , tels que le virage à gauche d’une partie de l’électorat catholique dans les années 80 concomitant avec une baisse de la « pratique religieuse » ou l’essoufflement des mouvements de chrétiens de gauche au même rythme que le déclin du parti communiste.
Plusieurs explications très différentes et complémentaires : la solidité et parfois la combativité plus importantes que prévu des institutions religieuses, la Iaïcisation généralisée, la marche à courte vue de la société de consommation immédiate qui décourage les engagements, le besoin de sécurité simple et identitaire auxquels répondent les courants traditionalistes catholiques et évangéliques protestants.
Mais, plus fondamentalement, peut-être n’a-t-on pas pu ou su construire une théologie alternative. Les lectures matérialiste n’ont été qu’un feu paille, la théologie de la libération a été généreuse mais relativement traditionnelle, la théologie inductive a été à la remorque d’analyses sociales et d’idéologie révolutionnaire maintenant dépassées. Il n’y a guère eu de théologie (au sens de travail sur le concept de Dieu) de gauche.
Il ne suffit pas de parler de la mort de Dieu (même c’est une mort en Jésus-Christ), il ne suffit pas de parler d’un Dieu faible, ou non interventionniste. La théologie négative, bien nécessaire, ne suffit pas. Il faut une théologie « de gauche » positive qui ne soit pas seulement une réaction à la théologie traditionnelle, qui elle-même, par ailleurs, est inaccessible à la plupart de nos contemporains. Et c’est parce qu’elle est dévalorisée que les chrétiens de gauche n’ont plus rien à dire parce qu’ils n’ont plus grand chose à déconstruire.
Ne perdons plus de temps à déconstruire. Construisons à neuf….sur une base biblique revisitée avec les instruments de lecture et les questions de notre temps.


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