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Article publié

pauvreté et exclusion sociale

Penser la solidarité

dimanche 19 mai 2013, par :

La défaite de Nicolas Sarkozy a mis fin pour quelques temps aux propos stigmatisant sur l’assistanat. Mais il n’est pas certain que la victoire de François Hollande ait fait disparaitre les regards stigmatisant sur les personnes qui bénéficient de prestations sociales.
Des travaux ont été menés et sont en cours pour repenser l’assistance ou la solidarité. Robert CASTEL et Nicolas DUVOUX ont publié en janvier 2013 un court ouvrage intitulé « L’avenir de la solidarité » (PUF, « la vie des idées), l’ONPES (Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion sociale) vient de remettre un rapport au Premier Ministre sur ce thème (document joint).
Portent-ils les faits et les idées, mettent-ils en lumière les analyses et les discours, qui permettront de transformer les regards, les attitudes et les politiques ? Ils sont déjà une avancée.

Inégalités et non-recours

Deux progrès avaient été enregistrés ces derniers mois dans l’appréhension de la situation sociale, et notamment celle des pauvres : une attention aux phénomènes d’inégalité croissante plutôt qu’aux seules pauvreté et exclusion sociale, une prise en compte des phénomènes de non-accès ou de non-recours aux droits. Les associations avaient lancé l’alerte bien avant (Voir Proteste –revue de la FEP – mars et octobre 2010). La crise économique et sociale en a souligné l’importance.
La croissance des inégalités en France est encore faible, mais elle menace à l’intérieur de tous les pays –qu’ils soient émergents ou développés- et devient un élément marquant des risques que porte en elle la mutation en cours. (Voir la situation en Allemagne des travailleurs pauvres).
Le non-accès et le non-recours aux droits avaient été cachés au « bénéfice » des discours sur la fraude sociale.
Ces deux phénomènes apparaissent enfin au grand jour, comme marqueurs des méfiances et des craintes de l’ensemble de la société, que ce soient celles des personnes aidées ou celles des personnes contributrices.

Reconnaitre que les inégalités menacent la société, au lieu de les considérer comme des incitations à l’activité, c’est une première étape.
Reconnaitre que les pauvres ne sont pas massivement des fraudeurs, et qu’au contraire ils hésitent à avoir recours aux dispositifs d’assistance, c’est une autre étape.
Mais cette lucidité nouvelle ne suffit pas à modifier radicalement l’opinion publique et les politiques. Des travaux menés sur l’explication de la pauvreté – par la paresse ou par l’injustice – montrent certes que l’opinion des populations évolue selon le cycle économique : elle explique moins la pauvreté par la paresse quand la situation est difficile. Mais la culture nationale importe aussi dans l’appréhension et l’explication des situations de pauvreté. Les différences entre pays dans les « Eurobaromètres » le montrent. Les Britanniques, les Scandinaves, les Suisses insistent plus sur la responsabilité personnelle, la « paresse », comme cause de la pauvreté que les Français. (Y-aurait-il ici une explication culturelle religieuse ?)
Mais il n’est pas sûr que notre approche française de la protection sociale ne soit progressivement écartée au profit d’un néo-libéralisme centré sur la responsabilité individuelle. C’est une ambiance générale qui peut continuer à dominer, à la faveur de la crise et des discours centrés sur la réduction de la dette, quand cette dette est présentée comme un résultat des politiques de protection sociale.

Comment changer les mentalités d’une manière profonde ?

Il faut aller au-delà de la seule question de l’assistance aux personnes en difficulté pour redonner un visage positif aux dimensions d’assistance et de solidarité. Il ne peut suffire de justifier l’assistance au nom de la compassion pour les plus pauvres. Il est nécessaire que chaque citoyen se sache en même temps porteur et bénéficiaire de la solidarité. C’est dans un nouveau travail sur l’égalité, « passion française » et moteur politique selon Rosanvallon, qu’il s’agit est sans doute possible de trouver des ressources intellectuelles pour cette valorisation de la solidarité. Quelle forme doit prendre aujourd’hui une égalité concrète ? Quelle égalité peut favoriser l’intérêt collectif ?

Mais c’est aussi dans la pratique des formes d’organisation et du travail social que peuvent émerger de nouvelles ressources expérientielles pour une solidarité vécue. Comment dépasser une compréhension de l’accompagnement social qui se présente soit comme une forme de contrôle individuel, soit comme une manière de conduire à une autonomie forcée ? Comment trouver une manière de permettre aux personnes de s’organiser collectivement, d’augmenter leurs capacités d’intervention sur leurs existences et sur leur environnement, des expériences et des structures qui soient donc des offres à se découvrir solidaire plutôt qu’à se vouloir autonome ? Il faudrait ici travailler Marie-Hélène Bacqué et son dernier livre « l’empowerment, une pratique émancipatrice ».

Egalité et action sociale communautaire

Là-dessus les chrétiens ont peut-être quelque chose à apporter, théologiquement et pratiquement ?
A suivre.

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