Dans la foi en Jésus-Christ
1. La perspective inclusive du salut par grâce dans la foi de Jésus-Christ signifie que pour Dieu il n’y a pas de considération de personne. Tout homme et toute femme, quelque soit son origine et quelque soit son statut social est considéré dans sa dignité de créature de Dieu, appelée à se reconnaître dans cette seule identité devant Dieu pour entrer dans une vie nouvelle, réconciliée avec Dieu par la foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité.
Anthropologie biblique
2. La définition de l’être humain dans une structure dialogique ontologique repose d’abord sur le projet créateur de Dieu qui crée l’humain à son image ; elle se prolonge dans la conception de chaque individu par une femme et un homme, sexuellement différenciés, qui sont des vis-à-vis l’un pour l’autre. La dimension dialogique de l’existence humaine se déploie ensuite à travers une infinité de variations dans les relations interpersonnelles, communautaires et sociales.
3. Sur la base des Ecritures, l’homosexualité ne peut pas être présentée comme une norme ou un modèle de sexualité. Les récits de création de la Genèse présentent le genre humain comme constitutivement structuré par l’homme et la femme. Dans la perspective des Ecritures, de l’enseignement des apôtres et des écrits des Réformateurs, nous pensons que l’hétérosexualité est la seule sexualité pouvant servir de norme.
4. Affirmer qu’il existe une norme sexuelle dans les Ecritures ne saurait justifier l’exclusion des personnes ayant une sexualité hors-norme. Personne n’est exclu de l’amour de Dieu, même si tous sont pécheurs car, dans la foi en Jésus-Christ, personne n’est regardé comme impur.
5. L’orientation sexuelle n’est pas choisie ; elle peut être liée à un héritage génétique ou culturel, mais elle ne peut pas être immédiatement attribuée à l’action créatrice de la parole de Dieu. La diversité dans la nature ne saurait se confondre avec la richesse inépuisable de la création de Dieu, manifestée dans l’Eglise.
Culture et sexualité
6. Certains interdits relatifs à la sexualité ont toujours été présents dans les sociétés. Considérer que les normes des relations sexuelles reposent sur des critères exclusivement interpersonnels serait une manière d’occulter les enjeux culturels et sociaux des pratiques sexuelles. Par ailleurs, toutes les formes de sexualité égalitaire, responsable et respectueuse de l’altérité du partenaire ne sont pas légitimes, ainsi en est-il de l’inceste entre adultes et de l’adultère.
7. La légitimité sociale des relations homosexuelles, qui n’est pas remise en cause, ne peut pas trouver de justification théologique. Les pratiques sexuelles légitimes relèvent de la responsabilité personnelle de chacune et de chacun. Dans la foi en Jésus-Christ, nous cheminons dans l’assurance que Dieu soutient notre aspiration à une sexualité responsable, c’est-à-dire libérée de toute recherche d’autojustification et en même temps à l’écoute de la volonté de Dieu.
En Eglise
8. L’unité de l’Eglise est fondée en Christ seul, qui nous unit au Père dans la communion du Saint-Esprit. Le sexe ou l’orientation sexuelle ne sont pas des critères de l’appartenance au peuple de Dieu, au corps du Christ, à l’Eglise. Dans la Bible, plusieurs références condamnent l’homosexualité mais nous ne pouvons absolument pas en conclure que cela constituerait une base pour faire d’une pratique sexuelle ou d’une orientation sexuelle une condition du salut. L’Eglise, dans ses pratiques cultuelles, dans sa vie communautaire, dans son action diaconale et dans son témoignage, doit prendre en compte la complexité de l’être humain en intégrant toutes les dimensions de son existence.
9. L’orientation sexuelle peut être vécue comme une souffrance quand elle est jugée anormale, de surcroît lorsqu’elle est stigmatisée. L’accompagnement des personnes et de leurs demandes est vécu par l’Eglise dans le cadre de sa mission de témoignage au nom de l’Evangile de Jésus-Christ, Seigneur et Sauveur.
10. Dans un monde traversé par la violence et par des forces de destruction, l’ancre de notre espérance est la croix de Jésus-Christ, transfigurée par la Résurrection au jour de Pâques : elle nous rappelle que Christ a donné sa vie pour la vie du monde, et sa résurrection nous révèle que rien ne saurait nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ.
Mariage
11. L’alliance de la foi en Jésus-Christ a mis un terme aux obligations rituelles et aux interdits conditionnant un état de pureté préalable à toute communion avec Dieu et avec les membres de l’alliance. Ce ne sont ni les rituels, ni les pratiques sexuelles qui font la pureté d’une personne, mais la grâce purificatrice de Dieu en Jésus-Christ.
12. Les Eglises sont appelées à écouter les demandes de bénédiction, entre autres celles concernant des unions de couples de même sexe pour nourrir un dialogue sur l’opportunité de la bénédiction des projets de vie et des couples mariés ou non.
13. Sachant que le mariage relève des règles définies par le code civil - il est institué par la loi et s’inscrit dans la juridiction définissant les contrats -, nous interrogeons la légitimité et la pertinence de la demande de célébration religieuse et de bénédiction pour des couples homosexuels sur les seuls critères de la durée, du respect et de la fidélité mutuelle.
14. Dans le cadre d’une société sécularisée et conformément au principe de séparation des cultes et de l’Etat, il est temps de dissocier l’acte de bénédiction des couples de leur reconnaissance civile préalable.
Parentalité
15. Tout enfant construit son identité familiale, culturelle et sociale en fonction du milieu dans lequel il grandit. De façon ultime, seule son identité d’enfant de Dieu fonde sa dignité. Par le baptême, l’Eglise proclame que cette dignité est une grâce qui est accordée même aux enfants.
16. La parentalité n’est pas le prix de l’indulgence de Dieu ou de la communauté chrétienne. Le projet d’une vie de couple ne signifie pas nécessairement l’accueil d’enfants.
17. Un couple hétérosexuel peut avoir vocation à concevoir des enfants pour fonder une famille. L’accueil d’enfants, quelque soit la forme de foyer, doit avoir prioritairement le souci du droit des enfants et des conditions de leur épanouissement.
18. Une famille ne peut pas être constituée de deux pères ou de deux mères. Les foyers
homosexuels sont appelés à prendre en considération la responsabilité particulière qui est la leur dans l’éducation qu’ils peuvent être amenés à donner à un enfant. L’Eglise a vocation à les accompagner dans cette réflexion.