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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

Même pas peur du débat !

Pour l’accueil de toute personne, quels que soient son sexe et son orientation sexuelle, et pour son accompagnement sur le chemin de la foi en Jésus-Christ.

mercredi 16 janvier 2013, par :

Par ce texte, Marc Frédéric Muller, pasteur de l’EELF à Bourg-La-Reine répond de manière critique aux "95 théses, protestants pour le mariage pour tous".

Dans la foi en Jésus-Christ
1. La perspective inclusive du salut par grâce dans la foi de Jésus-Christ signifie que pour Dieu il n’y a pas de considération de personne. Tout homme et toute femme, quelque soit son origine et quelque soit son statut social est considéré dans sa dignité de créature de Dieu, appelée à se reconnaître dans cette seule identité devant Dieu pour entrer dans une vie nouvelle, réconciliée avec Dieu par la foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité.

Anthropologie biblique
2. La définition de l’être humain dans une structure dialogique ontologique repose d’abord sur le projet créateur de Dieu qui crée l’humain à son image ; elle se prolonge dans la conception de chaque individu par une femme et un homme, sexuellement différenciés, qui sont des vis-à-vis l’un pour l’autre. La dimension dialogique de l’existence humaine se déploie ensuite à travers une infinité de variations dans les relations interpersonnelles, communautaires et sociales.
3. Sur la base des Ecritures, l’homosexualité ne peut pas être présentée comme une norme ou un modèle de sexualité. Les récits de création de la Genèse présentent le genre humain comme constitutivement structuré par l’homme et la femme. Dans la perspective des Ecritures, de l’enseignement des apôtres et des écrits des Réformateurs, nous pensons que l’hétérosexualité est la seule sexualité pouvant servir de norme.
4. Affirmer qu’il existe une norme sexuelle dans les Ecritures ne saurait justifier l’exclusion des personnes ayant une sexualité hors-norme. Personne n’est exclu de l’amour de Dieu, même si tous sont pécheurs car, dans la foi en Jésus-Christ, personne n’est regardé comme impur.
5. L’orientation sexuelle n’est pas choisie ; elle peut être liée à un héritage génétique ou culturel, mais elle ne peut pas être immédiatement attribuée à l’action créatrice de la parole de Dieu. La diversité dans la nature ne saurait se confondre avec la richesse inépuisable de la création de Dieu, manifestée dans l’Eglise.

Culture et sexualité

6. Certains interdits relatifs à la sexualité ont toujours été présents dans les sociétés. Considérer que les normes des relations sexuelles reposent sur des critères exclusivement interpersonnels serait une manière d’occulter les enjeux culturels et sociaux des pratiques sexuelles. Par ailleurs, toutes les formes de sexualité égalitaire, responsable et respectueuse de l’altérité du partenaire ne sont pas légitimes, ainsi en est-il de l’inceste entre adultes et de l’adultère.
7. La légitimité sociale des relations homosexuelles, qui n’est pas remise en cause, ne peut pas trouver de justification théologique. Les pratiques sexuelles légitimes relèvent de la responsabilité personnelle de chacune et de chacun. Dans la foi en Jésus-Christ, nous cheminons dans l’assurance que Dieu soutient notre aspiration à une sexualité responsable, c’est-à-dire libérée de toute recherche d’autojustification et en même temps à l’écoute de la volonté de Dieu.

En Eglise

8. L’unité de l’Eglise est fondée en Christ seul, qui nous unit au Père dans la communion du Saint-Esprit. Le sexe ou l’orientation sexuelle ne sont pas des critères de l’appartenance au peuple de Dieu, au corps du Christ, à l’Eglise. Dans la Bible, plusieurs références condamnent l’homosexualité mais nous ne pouvons absolument pas en conclure que cela constituerait une base pour faire d’une pratique sexuelle ou d’une orientation sexuelle une condition du salut. L’Eglise, dans ses pratiques cultuelles, dans sa vie communautaire, dans son action diaconale et dans son témoignage, doit prendre en compte la complexité de l’être humain en intégrant toutes les dimensions de son existence.
9. L’orientation sexuelle peut être vécue comme une souffrance quand elle est jugée anormale, de surcroît lorsqu’elle est stigmatisée. L’accompagnement des personnes et de leurs demandes est vécu par l’Eglise dans le cadre de sa mission de témoignage au nom de l’Evangile de Jésus-Christ, Seigneur et Sauveur.
10. Dans un monde traversé par la violence et par des forces de destruction, l’ancre de notre espérance est la croix de Jésus-Christ, transfigurée par la Résurrection au jour de Pâques : elle nous rappelle que Christ a donné sa vie pour la vie du monde, et sa résurrection nous révèle que rien ne saurait nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ.

Mariage
11. L’alliance de la foi en Jésus-Christ a mis un terme aux obligations rituelles et aux interdits conditionnant un état de pureté préalable à toute communion avec Dieu et avec les membres de l’alliance. Ce ne sont ni les rituels, ni les pratiques sexuelles qui font la pureté d’une personne, mais la grâce purificatrice de Dieu en Jésus-Christ.
12. Les Eglises sont appelées à écouter les demandes de bénédiction, entre autres celles concernant des unions de couples de même sexe pour nourrir un dialogue sur l’opportunité de la bénédiction des projets de vie et des couples mariés ou non.
13. Sachant que le mariage relève des règles définies par le code civil - il est institué par la loi et s’inscrit dans la juridiction définissant les contrats -, nous interrogeons la légitimité et la pertinence de la demande de célébration religieuse et de bénédiction pour des couples homosexuels sur les seuls critères de la durée, du respect et de la fidélité mutuelle.
14. Dans le cadre d’une société sécularisée et conformément au principe de séparation des cultes et de l’Etat, il est temps de dissocier l’acte de bénédiction des couples de leur reconnaissance civile préalable.

Parentalité
15. Tout enfant construit son identité familiale, culturelle et sociale en fonction du milieu dans lequel il grandit. De façon ultime, seule son identité d’enfant de Dieu fonde sa dignité. Par le baptême, l’Eglise proclame que cette dignité est une grâce qui est accordée même aux enfants.
16. La parentalité n’est pas le prix de l’indulgence de Dieu ou de la communauté chrétienne. Le projet d’une vie de couple ne signifie pas nécessairement l’accueil d’enfants.
17. Un couple hétérosexuel peut avoir vocation à concevoir des enfants pour fonder une famille. L’accueil d’enfants, quelque soit la forme de foyer, doit avoir prioritairement le souci du droit des enfants et des conditions de leur épanouissement.
18. Une famille ne peut pas être constituée de deux pères ou de deux mères. Les foyers
homosexuels sont appelés à prendre en considération la responsabilité particulière qui est la leur dans l’éducation qu’ils peuvent être amenés à donner à un enfant. L’Eglise a vocation à les accompagner dans cette réflexion.

  • #1 Le 17 janvier 2013 à 01:43, par Richard Bennahmias

    Merci pour ce texte, pour sa rigueur et son ouverture


  • #2 Le 17 janvier 2013 à 21:42, par Henry Francois Boscher

    Mon choix est définitivement fait : je quitte cette église de racailles, de corrompus, de carrièristes, de suceurs de pouvoir et de luxe qui se tape bien des pauvres et des vrais gens dans la misère, cette "église" qui se vautre dans le luxe le plus indécent et malsain avec les grenouilles de bénitiers et autres bourges.

    Je fais la demande de débaptisation et je ne me fourvois plus dans aucune religion, toutes liberticides et normatives, qui ne sont que des pièges à cons pour laisser les peuples dans la misère où l’ont placé les papes et autres banksters du même acabit !

    Jésus, une belle idée...


  • #3 Le 22 janvier 2013 à 17:22, par Jean Alexandre

    Quelle anthropologie biblique ?

    Les thèses de l’ami Marc Frédéric Muller sur le mariage pour tous comportent probablement des points pertinents et d’autres contestables, c’est à voir, mais l’un d’entre eux, en tout cas, ne me paraît pas soutenable. C’est celui qui fait dès l’abord argument de la validité intangible d’une « anthropologie biblique » :
    La définition de l’être humain dans une structure dialogique ontologique repose d’abord sur le projet créateur de Dieu qui crée l’humain à son image ; elle se prolonge dans la conception de chaque individu par une femme et un homme, sexuellement différenciés, qui sont des vis-à-vis l’un pour l’autre. La dimension dialogique de l’existence humaine se déploie ensuite à travers une infinité de variations dans les relations interpersonnelles, communautaires et sociales. (M. F. Muller, thèse 2)

    Ce texte passe à côté de la structure dissymétrique des relations dont il fait état, ce qui, à mon sens, lui ôte tout intérêt en tant qu’argument lorsqu’il s’agit d’établir une valeur « ontologique » au mariage d’êtres humains partageant, comme aujourd’hui chez nous, un même statut anthropologique. Dans la Bible, l’homme et la femme ne partagent pas ce statut-là.

    Il ne faut pas, en effet, faire de contresens sur le lien qui unit, selon les Écritures, l’homme et la femme dans le couple. Dans le récit biblique, de même que l’être humain n’est image de Dieu que comme réalité seconde, ne tenant sa validité que par rapport à une réalité première, de même, la femme est, par rapport à l’homme, un vis-à-vis dépendant.

    Ainsi, par exemple, l’expression hébraïque kenègdo employée pour préciser la relation que la première femme entretiendra avec le premier homme (Genèse 2, 20 ; littéralement : « comme devant lui »), et traduite souvent par « vis-à-vis » ou « semblable à lui », n’évoque pas en réalité l’attitude qui consisterait pour l’un et l’autre à se regarder face à face et droit dans les yeux, en partenaires égaux, mais plutôt le lien de loyauté réciproque qui unit un seigneur et son vassal ou un maître et son fidèle serviteur. Pour la culture considérée, ces distinctions, liées à des ordres distincts constitutifs de l’humanité, sont tout autant « ontologiques » que la différenciation sexuée (pour autant que ce terme d’ontologie ait quelque correspondance avec ceux qui s’expriment dans la Bible). Ce n’est pas un hasard si le récit biblique fait sortir Ève d’Adam et non l’inverse (ce qui serait pourtant conforme à la nature !) car elle est de second ordre, elle qui « dé-pend » de son homme.
    La première conséquence de ce statut « anthropologique » de la femme, c’est que les petits qu’elle enfante sont les fils et les filles de son mari plutôt que les siens.

    Telle est la structure dialogique dans laquelle homme et femme se trouvent réunis dans les textes bibliques, y compris très largement dans le Nouveau Testament. Cela illustre simplement le fait qu’ils ont été écrits dans le cadre de civilisations impériales, asiatiques et antiques qui privilégiaient des relations contractuelles de type hiérarchique validées par le divin. Dans ces sociétés comme dans d’autres plus anciennes, c’est bien connu, la femme n’est pas totalement sujet, elle est valeur d’échange et signe d’alliance entre les hommes. C’est pourquoi, par exemple, la Loi donnée à Moïse au Sinaï s’adresse aux hommes, pas aux femmes. Elles n’ont qu’à suivre.

    Alors veut-on faire une loi intangible, « ontologique », de conceptions anthropologiques situées et datées ? La révélation implique-t-elle que les croyants d’ici et d’aujourd’hui, hommes et femmes, aient à vivre « à l’antique » ? Doivent-ils sacraliser des traditions orientales qui leur sont devenues étrangères ? Je crois plutôt que, pour prendre une image, ce n’est pas seulement d’un point de vue linguistique que les Écritures nous disent leurs vérités dans une autre langue que la nôtre, et que celle-ci reste à traduire dans notre propre langue.

    Ainsi, pour moi, et justement d’un point de vue anthropologique, ce que rate le texte de M. F. Muller sur ce point, c’est l’irruption de cette égalité inédite de statut que les femmes ont peu ou prou conquise dans nos sociétés. Or c’est sans doute parce que le couple devient alors une union civile entre égaux que, les anciennes règles devenant par suite caduques, la question de l’union civile entre semblables en est arrivée à se poser elle aussi aujourd’hui. Même si, pour être honnête, cette question m’embarrasse, je la crois légitime.

    Jean Alexandre (envoyé par mail le 20/12/12)



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