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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

Demandeurs d’asile : Il y a des limites à ne pas franchir

mercredi 19 décembre 2012

Les services de l’État (par l’OFII = Office français de l’immigration et de l’intégration) ont mis, tel quel, dans l’appel d’offre pour les Plateformes d’accueil des demandeurs d’asile (PADA) que, pour l’aide alimentaire pour les demandeurs d’asile, "il y a lieu de s’adresser aux associations caritatives". Cette formulation est légèrement corrigée en 2013 : Description des actions relevant de l’Objectif 5 (Accorder des aides de première urgence) : "Orienter vers les structures qui dispensent des aides alimentaires et vestimentaires". Mais, le sens est le même !
Au Centre Social Protestant, à Strasbourg, nous n’en pouvons plus, d’autant que notre Projet Associatif, adopté par notre Comité et l’Assemblée Générale met en avant l’accueil l’écoute et l’accompagnement des personnes et non pas … la pure et simple "distribution", qui plus est, sans aucune concertation.
Le courrier ci-joint est notre prise de position du 6 décembre 2012. Courrier destinée à l’association qui a été choisie par les Services de l’État comme Plateforme PADA pour le Bas-Rhin.
À diffuser sans modération.
Bernard Saettler, pasteur, directeur du Centre Social Protestant de Strasbourg

Madame la Directrice générale,

Depuis soixante ans, le Centre Social Protestant accueille, lors de ses permanences, des personnes en difficulté et met tout en oeuvre pour les soulager et les aider à se redresser. Cet accueil nous l’avons toujours voulu inconditionnel ; la seule limite est le nombre de personnes que nous sommes en capacité d’accueillir dans le respect et la dignité (12 par permanence et par travailleur social).

Or, depuis plusieurs années, le public que nous recevons change et force est de constater qu’il est aujourd’hui essentiellement composé de personnes en demande d’asile ou dans une tentative de régularisation. Leur point commun est l’absence de ressources et la nécessité de faire appel à de l’aide pour s’alimenter et se vêtir, sans évoquer les problèmes d’hébergement pour lesquels nous ne sommes pas compétents.

Aussi, nous sommes dans l’obligation de nous positionner par rapport à qui nous voulons et pouvons accueillir. En effet, nous souhaitons que « notre » public prioritaire, composé de personnes ayant de petits revenus, des difficultés plus ou moins passagères de gestion, des besoins de temps de paroles et d’écoute, … puisse à nouveau retrouver le chemin de nos permanences.
Par ailleurs nous sommes face à des difficultés matérielles : le nombre de nos salariés, de nos bénévoles, la taille de nos réfrigérateurs, de nos étagères, de nos locaux, ne nous permettent plus d’accueillir et de répondre dignement à la demande.

De ce fait, nous avons choisi de ne plus recevoir le public qui dépend de la responsabilité de l’Etat : nous refusons de continuer à nous substituer aux devoirs d’alimentation et de vêture prévus par les textes en faveur des demandeurs d’asile en situation régulière. Poursuivre la simple distribution des aides (ce que nous faisons largement depuis des mois) n’est pas en conformité avec notre Projet associatif ; un opérateur de distribution ferait aussi bien l’affaire, voire mieux. Dorénavant les orientations faites en grand nombre par votre organisation ne pourront plus être prises en compte chez nous.

Toutefois des situations particulières, en concertation avec les travailleurs sociaux, pourront être examinées, mais au cas par cas.

Le vestiaire reste accessible, mais avec des limites (au maximum un passage par trimestre). En effet nous sommes là aussi submergés de demandes et nous nous heurtons à une forte exigence du public, parfois légitime parfois exagérée. Et, tout comme pour l’aide alimentaire et financière, nous tenons à être accessibles à tous : il nous est donc nécessaire d’en restreindre l’accès et nous vous remercions de bien vouloir orienter les personnes avec discernement en veillant à respecter l’espacement des orientations.

Nous sommes conscients de la pression subie par vos services, mais nous pensons que ce n’est pas du rôle des « oeuvres » que de se substituer à l’Etat. Cette idée est partagée par une majorité de structures caritatives de Strasbourg et les autorités compétentes devraient prendre conscience de cette position qui risque d’être de plus en plus stricte et ferme.

C’est dans cet esprit que la présente décision, validée par le Comité Directeur du CSP lors de sa séance du 6 décembre 2012 est prise en concertation avec les autres partenaires caritatifs de Strasbourg.

Notre équipe reste bien entendu à votre disposition pour poursuivre notre déjà longue [collaboration mais dans le respect du projet associatif ici reprécisé.

Veuillez croire, Madame, à ma considération distinguée,

Patrick STOCK,
Président du CSP

Copie à :
[ Mme Emilie MAMCARZ et M. Bruno IOSSIF, DDCS
[ Mmes et MM. Les Députés et sénateurs du Bas[Rhin
[ Mme Marie[Dominique DREYSSÉ, adjointe au Maire de Strasbourg
[ Mme Anita SOBLER, Conseil Général
[ Mme Hélène RHIN, Action sociale Ville de Strasbourg
[ M. Jean[Michel HITTER, Fédération de l’Entraide Protestante[Grand Est
[ CASAS
[ Cimade
[ Groupe intercaritatif de Strasbourg

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