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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Obsolescence programmée et Évangile

lundi 3 décembre 2012, par :

Dans le cadre de l’opération "Noël autrement" , en partenariat avec le CCFD, les Amis de la Terre et Paroisse verte, une conférence-débat est organisée sur l’Obsolescence programmée des produits de consommation ou Comment ne pas offrir (ou recevoir) des cadeaux faits pour ne pas durer ?" le mercredi 5 décembre à 20h15 à la Crypte de Ménilmontant 2b rue d’Eupatoria (Métro Ménilmontant ou bus 96). Plus de détail sur la conférence et les motivations écologiques et théologiques de cette démarche.
Une soirée utile avant toute initiative de shopping de Noël...

Camille Lecomte, chargée de mission consommation aux Amis de la terre et auteure d’un rapport sur le sujet viendra nous présenter comment fonctionne ce système et les propositions des Amis de la terre pour faire cesser ce scandale et trouver des alternatives, tant au niveau individuel que collectif.
Il sera suivi par une dégustation équitable animée par Artisans du monde Paris 20.

Bienheureux ces serviteurs qu’à son retour de Seigneur trouvera en train de veiller ! Luc 12, 37

A l’approche de Noël, nous sommes appelés à être en éveil. Depuis quelques années est apparue une pratique qui mérite d’être mieux connue et devrait nous alerter afin de ne pas participer, au nom de la célébration de la naissance du Christ, au pillage de sa création. Il s’agit de « d’obsolescence programmée » des productions d’équipement électriques et électroniques destinées aux particuliers.
De quoi s’agit-il ?
On a pu constater que certains produits avaient le défaut économique de durer toute un vie (dé à coudre, économe) ou au moins de dizaines d’années (mixer ou réfrigérateur de ma grand-mère). Ainsi des industriels, soucieux de croissance infinie, une fois les ménages équipés durant les 30 glorieuses ont misé sur la publicité pour nous convaincre de renouveler nos stocks. Cette tactique, déjà plutôt efficace à faire naître des désirs toujours renouvelés présentait encore des failles : des hurluberlus imperméables aux sirènes de la publicité pouvaient encore y échapper. Aussi a vu le jour une autre méthode, imparable : faire en sorte que l’aspirateur, le téléphone, la cafetière... tombent rapidement en panne dès la fin de la garantie (limitée à deux ans maximum).
Durant quelques décennies on n’y a vu que du feu, déplorant parfois une robustesse à la baisse, mais sans plus. Or, quelques produits récents sont allés trop loin, démasquant ainsi leurs concepteurs : l’imprimante dotée d’un puce qui en arrêtait le fonctionnement au bout de quelques milliers de copies ou alors la première version de l’ipod dont la batterie, faite pour durer 18 mois et non démontable rendait l’appareil inutile après ce délais.
Quel positionnement adopter ?
En tant que citoyens et en tant que chrétiens, nous sommes confrontés à la question de notre participation à une forme de production et de consommation qui ne découlerait pas du hasard ou de défaillances techniques mais d’une décision délibérée de rendre éphémères des produits très denses en richesses naturelles. La question d’un abus de la création se pose donc de façon particulièrement aiguë.
Déjà nos besoins nous sont imposés par un système techno industriel non choisi (j’ai une auto car mon entreprise s’est installée dans une zone d’activité mal desservie, j’ai un téléphone portable car je reçois des SMS sur mon fixe...). Il est heureux à ce sujet de noter que les travaux de Jacques Ellul sur le système technicien font depuis quelques temps l’objet d’une attention renforcée y compris chez les Chrétiens (voir Chrétiens et pic de pétrole qui lui consacre son laboratoire cette année). Ainsi où est la liberté donnée par le Créateur lorsque je ne peux pas en faire usage et participe malgré moi à des « structures de péché » ?
De suroît certains des acteurs de ce système ont décidé de faire en sorte que leurs produits durent bien moins longtemps qu’ils ne le pourraient afin de nous contraindre à les renouveler.
Cette question concentre de nombreux enjeux écologiques actuels :
Captation de la création : sachant que l’analyse du cycle de vie d’un ordinateur montre un grande richesse d’utilisation de ressources (terres rares, énergie...) qui impliquerait de n’en posséder guère plus de 2 dans une vie, prévoir délibérément de les faire durer moins de 5 ans est un scandale évident. Un téléphone portable contient 12 métaux différents et l’OCDE prévoit des stocks sur 80 ans maximum pour plusieurs d’entre eux (zinc argent nickel) au rythme actuel !
Croissance des déchets : la faible durée accentue la quantité de déchets. Un Français produit aujourd’hui 6 fois plus de déchets de ce type* qu’au début des années 90 ! Or une bonne partie ne sont pas « traités » et les dégradation de la création lors de leur fin de vie sont évidentes.
Justice : une partie des déchets est recyclé nécessitent des traitement, souvent dangereux. Ceux-ci sont généralement effectués dans les plus mauvaises conditions de respect de la vie humaine.
Fraternité : Au Pérou, la teneur en plomb du sang des enfants proches des mines de cuivre dépasse de trois fois les normes de l’OMS !

Les Amis de la terre ont travaillé cette question et proposeront des alternatives à la fois en tant que consommateurs (nous le sommes tous ! ) et que citoyens afin que la loi intervienne sur ces pratiques.
Le livret Enjeux et défis écologiques pour l’avenir, publié en avril dernier par la Conférence des évêques de France rappelle aux Chrétiens l’importance de « s’informer » (point 4) « d’être exemplaires dans nos choix », y compris collectivement (point 7) et enfin de « s’engager ...dans le soucis de population les plus pauvres et vulnérables et des générations à venir ». C’est donc un état de veille qui est attendu de nous. En particulier dans ce temps de l’Avent et en prévision d’un Noël qui ne s’apparente pas à une gabegie, approfondir cette question sera salutaire, par exemple grâce à la Conférence du 5 décembre à 20h 15 Crypte de Ménilmontant Paris 20è (invitation jointe).

*DEEE, déchets d’équipement électriques et électroniques
Voir Prêt à jeter, documentaire disponible sur Arte, VOD
Lire rapport des Amis de la terre et du CNIID sur l’obsolescence programmée

  • #1 Le 7 décembre 2012 à 11:46, par Ignacio

    « faire en sorte que l’aspirateur, le téléphone, la cafetière... tombent rapidement en panne dès la fin de la garantie (limitée à deux ans maximum). »

    Le problème c’est qu’autrefois une machine à laver durait 15 à 20 ans, alors qu’aujourd’hui ce serait plutôt 10, parce qu’il y a des pièces en plastique alors qu’avant c’était en acier. Mais ne dites pas 2 ans pour un aspirateur. Vous perdez alors toute crédibilité.

    Appuyez vous sur des études fiables, publiées dans des revues scientifiques, ou par des associations de consommateurs réputées.

    Le catéchisme de l’Eglise catholique dit §2477 : Se rend coupable de jugement téméraire celui qui, même tacitement admet comme vrai, sans fondement suffisant, un défaut moral chez le prochain.

    Tous les ingénieurs fabriquants d’aspirateurs ne sont pas malhonnêtes. J’ai un aspirateur acheté il y a une dizaine d’années et qui aspire.

    Vous êtes ami(e)s de la terre, mais êtes vous bien sûr(e)s d’aimer encore les hommes ?



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