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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Le mariage : pas sacré, mais sacrément utile (pour tous) à la justice

mercredi 20 juin 2012, par :

Le débat sur l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe ne va pas tarder à faire rage, en particulier chez les chrétiens. A la demande La Vie, ce texte a été publié sur leur site le 18 juin.

Les chrétiens n’ont qu’un seul Dieu. Ils n’adorent ni des réalités naturelles – ni la lune, ni le soleil, ni les rivières, ni les animaux...- ni des réalités sociales – l’état, l’armée, la patrie... Ils ne confondent pas le sacré avec des réalités temporelles et temporaires, moments de l’évolution biologique ou sociale du monde.

Pourquoi le mariage échapperait-il à cela ? Pourquoi faudrait-il sacraliser une forme ou une autre du mariage, voire pour certains le mot même de « mariage » comme désignant uniquement ce qu’il désigne aujourd’hui ?

Sacraliser le mariage est une démarche particulièrement étonnante au regard du livre et de la personne à travers lesquels nous rencontrons Dieu : La Bible et Jésus. Il est frappant de voir dans ce livre la diversité des formes par lesquels les personnages forment des couples et des familles.

Abraham et Sarah restent bien longtemps sans enfants, Jacob a des enfants avec ses deux femmes mais aussi avec leurs deux esclaves, David se lie avec Jonathan, Ruth avec Noémie puis élèvent la fille que cette dernière a eu avec Booz... La théologienne Virginia Ramey Mollenkott recense ainsi 42 formes différentes de familles (1)... Parmi elles, une seule (chez Paul) ressemble au modèle de la famille chrétienne hétérosexuelle traditionnelle : monogamie et monoandrie hétérosexuelle, homme dominant, et des enfants...

On cherchera aussi avec difficulté une institution religieuse du mariage. Dans tout l’Ancien Testament, un seul passage fait vaguement penser à une bénédiction religieuse, quand Laban laisse partir Rebecca pour rejoindre Isaac : le mari n’est même pas là pour partager la bénédiction donnée par le père !

Jésus ne célèbre lui-même aucun mariage, ce qui justifie pour les protestants que le mariage ne soit pas un sacrement.

La Bible et Jésus se désintéressent-ils de ce qui fait souvent le coeur de nos vies ? Les cadres et les institutions n’ont-ils aucun sens pour Dieu ? Non, bien sûr. Un souci commun traverse toutes ces histoires diverses, un souci plus fort que le contexte partiarcal et sexiste dans lequel ces textes ont été écrits : la justice pour les plus faibles et donc en premier lieu les femmes et les enfants.

C’est prégnant dans l’Ancien Testament avec Hagar et Ismaël rejetés par Abraham mais accueillis par Dieu, avec Tamar, prête aux stratagèmes les plus immoraux pour faire reconnaître sa justice ou le choix systématique par Dieu du plus petit et du plus faible de la fratrie (Jacob, David, etc.) pour porter son dessein.

Ça l’est aussi dans les évangiles. A ceux qui lui présentent sa mère et ses frères comme sa famille, Jésus désigne ses disciples : la famille de projet et de justice avant la famille biologique. Interrogé sur la séparation d’un couple, il refuse la logique de la répudiation qui fait que le plus faible – dans le contexte de l’époque : la femme – est rejeté sans droit et se retrouve dans la pauvreté.

Ainsi, nous sommes bousculés par la Bible qui est bien moins traditionaliste que nous. Les couples et les familles sont des réalités temporaires et prennent bien des formes. Non, le mariage n’a rien de sacré, rien d’une institution voulue par Dieu. Mais en revanche, Dieu nous invite à exercer notre responsabilité d’humain dans le sens du droit, de la justice, de la protection des plus faibles, dans la réalité sociale telle qu’elle est : diverse aujourd’hui comme au temps de la Bible.

Faire des choix dans les formes juridiques du mariage, sur le divorce comme sur l’ouverture ou pas aux couples de même sexe, c’est faire des choix responsables d’humains dans le sens de plus de justice et d’abord, plus de protection des plus faibles.

Le Pacs aujourd’hui est-il suffisant pour les couples qui s’y engagent ? Au-delà du fait qu’il n’offre pas les mêmes droits et devoirs suivant l’orientation sexuelle – et qu’il dit donc que des enfants de Dieu, des humains, vaudraient moins que d’autres – il est très facile à rompre.

Il n’offre aucune protection ni aucune compensation au plus faible du couple en cas de séparation. Parce que cela ressemble à s’y méprendre à une logique de répudiation – que Jésus a rejeté au nom de la protection du plus faible – un philosophe comme le protestant Olivier Abel avait milité en faveur du mariage plutôt que pour le PACS au moment de son instauration.

De manière plus générale, on a l’impression à lire certains articles qu’accéder au mariage pour les couples homos, ce serait une manière de gagner au loto. Le mariage n’est pas une pochette surprise. Pour ceux qui s’y engagent, c’est certes un ensemble de droits mais aussi de devoirs réciproques. C’est d’abord un cadre qui contraint la relation et protège le plus faible. Un cadre qui - face au désaccord et parce qu’il est assorti de la possibilité du divorce - oblige au dialogue, à la conversation, au compromis, au renoncement à l’égoïsme.

Croit-on que les couples homos soient si magiquement merveilleux qu’ils puissent se passer de ce cadre ? Ne s’y déroule-t-il pas les mêmes difficultés qu’ailleurs qui justifient que le droit ou l’accompagnement – par exemple par les Eglises – soit utile ?

La même question se pose pour les enfants. Beaucoup font comme si l’ouverture du mariage allait faire arriver des enfants dans les couples homosexuels. Mais – y compris par des PMA (procréations médicalement assistées) effectuées en Belgique ou par des adoptions comme célibataires – les enfants y sont déjà, et ils sont au moins plusieurs dizaines de milliers ! Le mariage ou le statut du beau-parent mettra là aussi du droit où il y a le vide, des droits et des devoirs, du cadre et donc de la stabilité pour le bien de l’enfant.

Oui, toute société a besoin de repères, de normes, de références. Mais est-ce telle ou telle forme de mariages ou de couples qui sont les repères ? Ou les valeurs de la justice, du droit, de l’écoute, de la conversation ? La loi qui les résume toutes est : « Aime ton prochain comme toi-même »... et pas : « Touche pas à mon mariage »...

  • #1 Le 22 juin 2012 à 16:39, par anne marie

    c’est tout fait exact c’est pourquoi je resterai toujours sur le parvis
    car l’eglise dit tous sauvé mais eux font deja des particularisme de la ségrégation
    eh bien qu’il reste dans leurs confessionnal poussiéreux d’archaïsme


  • #2 Le 14 août 2012 à 19:26, par Magali

    Merci pour ces mots, l’Eglise doit être aux côté de tous. Elle est trop souvent juge, pharisienne, porteuse de morale réactionnaire et se prend trop souvent pour Dieu !
    Et qu’on arrête enfin de parler des gays comme des "anormaux", des "déviants", des "pêcheurs" et autres sornettes !
    L’Eglise devrait être à l’avant garde et elle accumule un retard navrant. J’attends avec impatience la position de l’Eglise Réformée sur le sujet.



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