La question de mariage revient en force ! Avec de nombreuses Églises protestantes, nous pouvons affirmer :
qu’il n’y a pas dans la Bible une seule forme de conjugalité vécue par les croyants : monogamie, polygamie, célibat choisi ou subi…
que l’on ne peut pas fonder une éthique sur une lecture littérale de la Bible, hors contexte, et donc appliquer aujourd’hui certains commandements bibliques d’une autre époque qui appellent à exclure ou même à tuer celui ou celle qui vit hors normes (lapidation en cas d’un adultère, de blasphème).
que ce sont surtout les grands thèmes bibliques qui esquissent les contours d’une vie de couple devant Dieu : fidélité, promesse, respect, pardon… L’alliance, cette relation unique que Dieu construit avec chaque être humain, a été illustrée dans la Bible par de nombreux dialogues amoureux entre Dieu et son peuple, l’époux et l’épouse, Jésus et l’Église.
qu’une relation amoureuse entre deux êtres humains trouve dans la monogamie un cadre favorable pour s’épanouir.
que devant Dieu, « il n’y a plus ni juif, ni grec, ni homme, ni femme », mais des enfants de Dieu, aimés de la même manière, quels que soient leur statut social, leur identité sexuelle, leur richesse.
que sous le regard de Dieu, la vie partagée à deux s’enrichit des différences, bien au-delà de la seule différence sexuelle.
que la vie à deux a déjà son sens en elle-même et que la sexualité est un don dont le but n’est pas seulement la procréation ou un projet parental.
qu’il n’y a pas de pratiques interdites. L’acte sexuel est un dialogue des corps, complexe, lieu de déception parfois, mais un lieu de désir, de tendresse, de jeu, d’attente, de plaisir… un lieu où l’on fait (vivre) l’amour !
que les seules normes de l’acte sexuel sont l’écoute, l’amour, la tendresse, le respect de l’autre et de soi-même.
que ce dialogue est une construction permanente entre deux personnes, un choix heureux de chaque jour, avec ses joies et ses contraintes.
que le mariage n’est pas un sacrement, à la différence de la cène et du baptême, explicitement commandés par le Christ.
que l’Église « ne marie pas », mais accompagne et bénit un couple déjà marié civilement, pour qu’il s’engage, rende un témoignage public et qu’il dise sa reconnaissance de l’amour reçu et partagé.
que la bénédiction d’un couple est une simple parole et un geste d’accompagnement de la part de Dieu. Souvent évoquée dans la Bible, elle est donnée à des hommes et des femmes, sans condition d’identité ou de statut social, à l’occasion des événements de leur vie : naissance, départ, ministère.
que le mariage reste un acte terrestre et profane, à travers lequel le citoyen décide de prendre sa place et ses responsabilités dans la société, sous une loi qui le protège, donne des droits et lui rappelle ses devoirs.
que le Christ a toujours ouvert des espaces qui semblaient fermés par un pouvoir, une loi, une tradition, des regards, pour que l’amour ancré dans la fidélité à Dieu puisse se dire et s’épanouir, au-delà des réussites et des échecs.
que la Bible ne peut pas être prise en otage pour justifier des positions éthiques, et que cette compilation de témoignages si divers et si riches vient nous interroger, nourrir nos convictions et nous mettre à l’écoute de la parole de Dieu, révélée et accomplie en Jésus-Christ, mais toujours à accueillir dans des contextes particuliers.
Il apparaît alors que toutes ces convictions laissent clairement ouverte la possibilité d’une bénédiction de l’union de deux personnes de même sexe. N’est-il pas nécessaire maintenant d’ouvrir à nouveau un débat apaisé sur ce sujet ? Pour les personnes concernées, le silence de l’institution ecclésiale est pesant... Une parole ne saurait tarder.