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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

Un témoignage personnel à propos de quelques épisodes précédents

lundi 4 octobre 2010, par :

En introduction de la journée de relance du 3 octobre, trois personnes ont expliqué pourquoi elles reprenaient le chemin du Christianisme social. Voici la contribution de Pierre-Olivier Monteil.

Prologue

Epilogue de la séquence précédente : été 2003, ce fut la décision en assemblée générale de suspendre, faute d’une disponibilité suffisante, la parution de la revue Autres Temps (AT) - l’activité principale du Mouvement - à parution des numéros en préparation à ce moment-là.

  1. Retour sur un engagement C’est le 4 janvier 1989, lors du colloque du centenaire du Mouvement organisé à l’IPT sur le thème « Cent ans de Christianisme social à l’heure de l’Europe », avec Pierre Joxe, Laurent Gagnebin, Jean Baubérot et Klauspeter Blaser pour intervenants, que j’ai rejoint le CS.

Conquis par le climat général du colloque, j’ai demandé à Bernard Charles, alors président du Mouvement, comment « monter dans le train ».

Il me convia à la réunion suivante du comité de rédaction d’AT, où je trouvai :

  • le sentiment de participer à un « nous », et un « nous » qui, de surcroît, émette une voix discordante dans une conjoncture politique de plus en plus néolibérale
  • une inscription dans un enchevêtrement d’histoires longues : celle des mouvements ouvriers et syndicaux déclencheurs de la prise de consciences des fondateurs du CS, fin XIXe, celle du Christianisme, celle de la Bible. Histoires qui viennent de loin et peuvent mener loin.
  • les particularités, probablement assez protestantes, d’articuler critique et conviction (distance et appartenance), d’assumer un certain pluralisme interne (par exemple, « première » et « deuxième » gauches cohabitaient fort civilement), et, sans doute en résultante, de donner à rencontrer, non des individus, mais des individualités.
  • le constat, malheureusement non démenti par la suite, de la très faible présence de ma génération, celle des natifs des années 60. J’en tire pour aujourd’hui l’espoir que le nouveau « nous » qui semble s’ébaucher pourra tenir bientôt une parole, non seulement de protestation sur tout ce qui ne va pas bien actuellement (il y a de quoi faire), mais aussi, ce qui est peut-être plus rare et difficile, de proposition pour que ce monde aille mieux.
  1. Ecueils et difficultés des années 1989-2004 Au-delà de la préparation et la parution des numéros trimestriels d’Autres Temps, activité menée avec l’enthousiasme de participer à une histoire vivante (indivisément celle de la revue et celle des humains en général !), plusieurs évidences se confirmaient avec les années :
  • le vieillissement des lecteurs, non compensé en nombre par un quelconque rajeunissement ;
  • la difficulté à trouver des plumes rendant compte, dans la revue, d’une action de terrain dans le souci de confronter expérience et réflexion. Cette absence a consacré l’image d’une scission entre réflexion et action, et d’une revue un peu intello et trop parisienne qui suscitait l’estime pas sans peut-être emporter vraiment l’adhésion. Questions : quels enseignements en tirer pour aujourd’hui ?

Se pose la difficulté pour le Mouvement de trouver sa place en complémentarité avec d’autres associations de « terrain » (Cimade, CASP, Entraide protestante…). A cet égard, on dit que le Christianisme social est victime de son succès puisque ses orientations sont désormais reprise par d’autres, mais quelles conséquences en tire-t-on en ce qui le concerne ?

  1. L’ancrage du Mouvement

La vocation du Mouvement est de se préoccuper de tous types d’enjeux : politiques, économiques, sociaux, culturels ou autres. Il s’adresse à des personnes entières, non à de simples spécialistes de « leur » domaine.

Même chose en termes de regard : il s’agit de multiplier les angles pour articuler éthique, politique, sociologique, économique, théologique…. Ou encore en termes de temporalité : ce qui relève du « déjà là » et du « pas encore ». A cet égard, il y aurait à concilier au moins trois mouvements : l’un pour dissocier les régimes de temporalité, l’autre pour dénoncer les raccourcis et les amalgames, un autre encore pour rappeler au temps long.

Il y a aussi une exigence d’universalité : la promesse d’une monde réconcilié est valable pour tous. Il s’agit donc, tantôt de tenir une parole qui ne sacrifie pas quelques-uns au nom d’un plus grand nombre, mais s’efforce au contraire de tenir ensemble éthiques de conviction et de responsabilité (pour contrevenir à la distinction de max Weber) ; tantôt de porter une voix prophétique qui rappelle à la primauté des finalités par rapport aux seuls discours sur les moyens ; tantôt d’inventer une manière de dire et faire qui pointe dans les deux directions en même temps, celle d’ici et maintenant et celle d’ailleurs et demain.

Je terminerai en soulignant que, si cet ancrage lui-même reste bien sûr à réinterroger, si l’on entend que ce qu’il a à nous dire soit quelque chose de vivant aujourd’hui, la question demeure entière de la forme que pourra prendre le Mouvement nouveau qui s’ébauche. Réseau, commune, ou autres, à nous de trouver, à l’usage, la forme.

Pierre-Olivier Monteil


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