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« Cesser de bombarder » Gaza ?

mercredi 8 octobre 2025, par :

« En cas d’échec [des négociations] les combats reprendront », dit Israël. Comment mieux avouer qu’il n’y a nul « combat » à Gaza, mais seulement un massacre unilatéral de la part de l’occupant affamant, torturant, urbicidant, génocidant ?

Gaza ne résiste qu’en s’obstinant à (sur)vivre sans cesser de mourir, mourir à une échelle dont quasiment les seuls faits d’armes du Hamas depuis le 7 octobre consistent à témoigner du nombre des victimes constatées : ces chiffres aujourd’hui ne sont en rien inférieurs à ceux d’hier, malgré l’appel trumpien à « cesser de bombarder », lancé bien sûr au seul Israël (comment en effet le Hamas pourrait-il bombarder, et bombarder quoi ?), alors qu’il est bien entendu par ailleurs qu’Israël n’en fait qu’à sa tête. Quand en revanche Trump s’adresse au Hamas, contredisant son appel à Israël il menace de surenchérir aux bombardements de manière à « anéantir complètement » le Hamas, montrant ainsi que son armée surpuissante appuie sans limite les exactions de Tsahal : et cela est vrai depuis le début. Comme si les Gazaouis dans leur ensemble n’étaient pas déjà anéantis : pulvérisés, ensevelis sous les décombres, cadavres en morceaux dans les sacs mortuaires, déchiquetés, amputés, défigurés, exsangues et faméliques, survivants orphelins des leurs, privés de tout, hors la prière et la mort. Quand on est mû par la seule vengeance on ne croit jamais détruire et humilier assez. L’immonde traitement infligé par Israël aux militants de la flottille humanitaire pour Gaza vient encore de documenter ce constat : ces tortures et ces humiliations – (même si elles sont démenties par Israël et si on les sait infiniment pires quand il s’agit des prisonniers palestiniens au Néguev) – salissent à jamais le drapeau israélien où l’on se serait amusé à entortiller Greta Thunberg. Elles prolongent les horreurs d’Abou Ghraib, de Daesh ou des prisons d’Assad. Ce sont les mêmes. Celles d’un Orient désorienté par des fanatismes d’un autre âge et férocement mis à sac par l’appétit pour le pétrole – et désormais pour le gaz au large de Gaza.
Et celles d’un Occident qui n’en finit pas de vouloir prolonger sa domination coloniale. Que Tony Blair propose son accompagnement du processus « de paix » alors que la Grande-Bretagne est la première coupable de la cote mal taillée qui provoqua les malheurs du Proche-Orient : quel symbole !

Peut-être retrouvera-t-on l’un ou l’autre otage encore vivant. Mais une nouvelle humiliation les attend, hélas : Israël réduit (comme les USA) à sa propre caricature.

Il paraît que se prépare un « cessez-le-feu », un « deal », quelque chose du moins qui pourrait valoir à Donald T. le prix Nobel de la paix. Comment les dirigeants de tant de pays
peuvent-ils encore accorder le moindre crédit là-dessus à Trump, à Netanyahou et à leurs sbires ? Comment peuvent-ils s’abaisser jusqu’à ramper devant Trump et l’encenser, quand on le voit martyriser même son propre pays ? La seule position ferme devrait consister à obliger Israël à se retirer immédiatement du territoire – de tout le territoire occupé – pour laisser des équipes internationales exercer les premiers secours aux survivants de Gaza et mesurer en même temps l’ampleur des crimes perpétrés, en vue du jugement à venir. Chaque jour qui passe permet à Tsahal d’écraser et raser encore et toujours, en cherchant à rendre impossible l’évaluation « scientifique » du génocide malgré les témoignages accablants des images, des corps, des paroles officielles et des faits (ajoutons que la CPI a confié à Israël même le privilège d’enquêter sur ses propres agissements !) Et une prévention implacable doit s’exercer pour protéger d’urgence les Palestiniens de Cisjordanie : car les exactions qui les visent dans un chapelet de mini-bantoustans ou ghettos, autres « prisons à ciel ouvert », s’étendent et s’aggravent très vite en même temps que les colonies.
P.S. Ajoutons enfin que, dans la disproportion des forces, si guerre il doit y avoir, il reste toujours à l’opprimé la possibilité de choisir des armes sur lesquelles ces forces dominantes ne peuvent opérer : comment le rappelle, aujourd’hui, un des participants aux excellents plateaux que lemedia.tv consacre au deuxième anniversaire du 7 octobre, le Vietnam a remporté la guerre contre les USA parce qu’il n’a pas perdu un seul char : en effet il n’en possédait aucun ! Pourra-t-on dire de même que le Hamas a gagné la guerre contre Israël et les USA parce qu’il n’a pas perdu un seul avion ? Mais Israël non plus n’en a pas perdu, et la disproportion des « belligérants » est ici infiniment plus grande. En revanche, Gaza a gagné l’opinion publique internationale.


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