Cette ironie biblique me paraît appropriée pour parler de l’impasse démocratique dans laquelle notre président a plongé le pays. Narcissique au plus haut point, il a cherché à se faire un nom dans l’histoire alors que le sol se dérobe sous ses pas. La dissolution de l’Assemblée nationale était moins un besoin de clarification qu’un besoin de chercher pour lui-même un soutien. Il a imaginé qu’il pourrait utiliser un scrutin en sa faveur. Et voilà que devant l’échec il s’est obstiné dans les faux-semblants. « Faire comme si » aucun premier ministre ne pouvait avoir son aval. Il dirait même aujourd’hui que le gouvernement de Barnier n’est pas le sien…
Il s’est appliqué à faire exploser tous les partis, y compris le sien, lui qui s’est obstiné dans ses postures économiques (la politique de l’offre, le soutien aux plus riches au nom du fameux ruissellement promis !) et ses postures politiques (être le seul défenseur du pays contre le RN). Face à la réalité têtue, il s’enfonce dans les faux-semblants. Il n’arrive pas à reconnaître qu’il a plongé le pays dans une dette historique et dans un boulevard ouvert à l’extrême droite. Dette financière, dette écologique, dette sociale. S’il n’a pas été le seul politique favorisant ce déni, il en a été un catalyseur.
Faux semblants comme une bombe à fragmentation au parlement comme au gouvernement. Bric et Broc. Briques et bitume. Instabilité promise au devenir démocratique pour garantir une stabilité rêvée, un récit glorieux inscrit dans l’Histoire.
Voilà qu’il finit de démoraliser un pays, ses représentants, qui n’adhérent plus à son récit, qui rêvent encore d’unité mais qui n’arrivent plus, comme il est dit dans la Bible à propos des habitants de Ninive, « à distinguer leur droite de leur gauche ! » (Jon 4/11)
C’est aujourd’hui que la construction d’un projet démocratique s’arrête tant on a laissé de côté le ciment essentiel, la confiance dans une parole publique. Or celle-ci semble enlisée dans deux ornières : l’ornière d’une poursuite des faux-semblants qui ont échoué. Et l’ornière de la désignation des plus fragiles comme ceux qui finalement paieront les dettes en tant que responsables de l’impasse actuelle.
Le ciment de la confiance et les pierres de l’État de droit sont pourtant partagés et défendus en tous les lieux citoyens qui essaient de résister pour un avenir meilleur. C’est ainsi que je garde l’espérance.
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Article publiéÀ propos d’un budget de bric et de broc
Réflexions sur l’impasse budgétaire
En suivant les débats à la chambre des députés j’ai pensé au récit de Babel. Ce récit mythique met en scène des humains qui se disent les uns aux autres : « Allons ! construisons une ville et une tour dont le sommet touche le ciel et faisons-nous un Nom afin de ne pas être dispersés. Mais c’est « la brique qui leur servit de pierre et le bitume qui remplaça le ciment ». Gen 11 /3. Construction au rabais à la poursuite d’un rêve impossible. La suite est connue. Le rêve d’unité, de prospérité, de cohésion se fracasse sur le brouillage des langages. La parole est humiliée, brouillée. Le rêve devient cauchemar. Pour conclure, le récit biblique s’achève par un jeu de mot qui souligne l’ironie de la situation. Babel, littéralement Porte du Ciel, voit son nom associé au babillage des nourrissons, Aux langages brouillés d’humains fragmentés parlant dans le vide sidéral.
À peu près l’état des parlementaires à la fin du débat.